jeudi 1 avril 2010

Le pas de l'Écrivain - At Writer's pace

Cet article est un extrait d’un roman (aux droits protégés) que j’ai écrit et qui n’a pas encore trouvé preneur.
Le titre en est "Le pas de l’écrivain".

     Albert.
     Lui détenait le remède à tous mes maux.
     L’homme était sain, solide.
     Et son père, juge dans un tribunal familial.
     Comme je l’avais espéré, au premier coup de fil, Albert a répondu présent. Ce jour-là, j’ai pris l’avion à Nice pour me poser à Bordeaux où j’ai loué une voiture, la même qu’à Québec -un Jeep YJ (Young Jock) décapotable- et me suis laissé aller à longer la côte atlantique. Inutile d’arriver chez mon ami sans avoir, au préalable, libéré certaines crispations.
     Mon voyage a duré deux jours.
     Dans les montagnes, les Pyrénées, l’air déjà un peu plus frais revivifiait. Les esprits détendus des habitants apaisaient à chaque escale, à chaque arrêt. Le toit toujours escamoté, un gros chandail de laine et une casquette style baseball, je ne passais pas inaperçu. À quelques kilomètres de Barèges, ma destination, je n’étais déjà plus l’homme endeuillé, attristé et plein de remords que j’étais alors que je quittais Nice. Celui qui tenait d’une main décontractée le volant de ce tout terrain machiste se présentait à nouveau comme un fervent adorateur de tout ce qui vit, un observateur aguerri des mouvements, des mœurs, des sourires et des esprits libres, sans entrave.
     J’étais enfin redevenu moi-même.
     Je n’étais pas encore arrivé chez Albert que, déjà, je sentais tout le bénéfique de ses apports, de sa présence.
     J’aurais néanmoins tant souhaité la compagnie de mon père. Un jour peut-être allions-nous pouvoir passer outre les ressentiments, les mauvais souvenirs, pour permettre enfin les épanchements affectifs et les complicités.
     Je venais de passer trente ans et l’un de mes plus beaux rêves restait cette image d’un père et on fils, assis sur un banc, sur la rive d’une eau, sous un ciel embrasé par un soleil couchant. L’aîné est détendu, bien adossé, les bras croisés. L’autre, un peu nerveux, a les coudes appuyés sur ses genoux et les mains jointes, le corps un peu penché vers l’avant. Et ils parlent. Des heures durant, ils font connaissance. Tantôt en riant, tantôt sérieusement, tantôt tristes. Nul besoin d’accolade. Pas même de touchers. Juste deux âmes, reliées de la façon la plus pure et naturelle, épurées de toute douleur, leurs limites abolies.
     Ce songe me rejoint encore aujourd’hui, de temps à autre.
     Tout comme l’écriture, un apaisement.
     Puis, en bordure de la route, tandis que je parcourais les cols montagneux, une pancarte :
Barèges
Population : 400 habitants
Altitude : 1250 mètres
     J’étais arrivé.
     Au pied d’un pic que la route pavée escaladait, une auberge.
     On y a gentiment dirigé mon voyage. Apparemment, on y était même prévenu de mon passage.
     Albert habitait un peu plus haut.
     À presque deux mille mètres d’altitude, j’ai atteint un plateau. À gauche, un lotissement de plusieurs maisons, toutes jolies. À droite, un peu à part, portant la mention « Albert Diaz-Lancret » sur un petit panneau discret, une antique construction campagnarde, chaleureuse et retapée dans le plus pur respect de la tradition régionale et génialement tant l’ancestral épousait le moderne.
     Ému, j’ai actionné mon clignotant. Ne sachant ce que j’allais retrouver, l’anxiété, timide et sournoise m’a traqué.
     Quand, enfin, mon moteur s’est tu, un superbe berger anglais s’est rué, guilleret, pataud.
- Salut Wacko ! l’ai-je accueilli.
     Juste derrière, en jeans et pull-over, attiré par les aboiements, Albert, visiblement heureux de me revoir. Sans hésiter, comme si nous avions été les plus vieux amis du monde, il s’est emparé de moi et m’a étreint.
     Pris par surprise, enfin soulagé d’une pression lointaine comme si je ne m’étais retenu que pour lui, j’ai aussitôt éclaté en sanglots.
*

     Je suis resté à Barèges deux semaines entières. Albert me l’avait ordonné
     Découvrir la gentillesse éternelle de cet homme était chaque fois plus étonnant.
     Il avait appris pour Sabine par Francis. Pour ma mère aussi. En fait, il savait tout sauf que mon neveu ne l’était pas. Et il n’a pas sursauté quand je le lui ai appris. Mieux, il a lui-même proposé de contacter son père si je le voulais.
     Les papiers pourraient être prêts avant mon départ.
     Et ils l’ont été.
     Les solutions envisagées si rapidement, mon séjour allait vraiment permettre de laisser libre cours à ce que je n’avais pu que courtiser de loin ces dernières années.
     Des vacances.
     De vraies vacances.
     Albert parvenait à me surprendre la garde baissée, chaque jour plus étonnant d’innocence et de candeur. D’une humeur à toute épreuve le matin, même de mon occasionnelle moue, il passait la journée en sifflotant, s’épanouissant devant les jeux de Wacko, les rayons du soleil, les fleurs de ses trois rocailles, véritables œuvres d’art, le paysage, le vol d’un pigeon paon, même devant les chèvres de montagne élevées par son voisin en contrebas. Il était amoureux de la vie, amant de la simplicité, fervent de la nature et ami de tous.
     Seuls tous les deux, ou en bande, nous avons marché et chevauché ; nous nous sommes promenés à vélo, en moto, en Jeep ; il m’a même amené au delta-plane et au parapente. Mon cœur et mes poumons, même seulement par l’altitude, ont grandement souffert de mes régals, mais c’était tant pis. Je n’avais qu’à moins fumer. Jamais je n’avais fait tant de choses en si peu de temps, ni n’avais vécu d’existence plus saine. Ni heurt, ni saute d’humeur. Aucune inquiétude. Diable, pas même la moindre grimace !
     J’avais envie de faire quelque chose ? on s’y attelait. Je voulais rester à la maison ? on s’y installait. J’avais faim ? On trouvait toujours une cuisine, un cuistot ou un plat. Je m’ennuyais... ? Allons, voyons, comme cela aurait-il été imaginable ?
     À Barèges, j’avais ce que j’ai adulé ma vie entière.
     L’amourtié.
     Je l’avais subodoré à Québec, en ce Noël dévastateur.
     Je m’en suis complètement persuadé la veille de mon retour à ma vie propre.
     Ce soir là, les papiers préparés par le papa d’Albert –qui n’attendaient plus que nos signatures à Stéphane et à moi- posés dans ma valise, sur le dessus, il y avait là, sur la table de la salle à manger, une grosse cocotte minute remplie de ma spécialité : un jambon au jus de pomme et légumes. Avec une bouteille de Duc de Montargis. Du Champagne au frais. Un chandelier à cinq branches où brillaient des flammes immortelles... du moins l’étaient-elles à mes yeux. Plateau de fromage. Une Forêt Noire au dessert. La perfection.
     Le chien dormait étalé de tout son long au salon.
     Les amis, tous disparus.
     Les bottes de marche en montagne rangées.
     Les sports, oubliés.
     Ses parents, à peine partis.
     J’étais à mettre fin aux préparatifs quand l’homme est venu me rejoindre, une fois les invités reconduits.
- Mes parents t’adorent, Didier.
     L’aveu était important. Le commentaire, déconcertant.
- et... c’est bien ?
- C’est essentiel...
- Alors tant mieux.
- Ça sent tellement bon.
- J’y tiens... c’est tout aussi essentiel.
- Tu m’épates tu sais ?
- Ah bon ? parce que c’est moi qui t’épate ? té trop marrant toi !
     Il a ri. Juste des yeux. Ses yeux.
- Tu sais et aimes tout faire et tout essayer. Les sports, la bouffe, la conversation. Même rire et écrire. Je n’ai jamais eu aucun autre ami comme toi, tu le sais ça ?
- Et c’est épatant ça ?
- Et comment ! En général, les gens ne sons pas complets comme toi... hommes ou femmes...
- T’as pas pensé que c’était juste parce que pas une fois je n’ai osé te dire non... ?
- Tu saurais mentir ?
- Je suis écrivain n’oublie pas ! ai-je répliqué tout de go, un large sourire me fendant le visage en deux.
     Il a acquiescé en riant lui aussi.
- Donc, tu pourrais mentir en disant que tu es menteur... ?
     Nous nous sommes mis à table.
     Tout le long du repas, épluchant les sujets les moins usuels, nous avons survolé l’humanité toute entière tels deux colombes voulant lui apporter un message de paix et d’harmonie. Néanmoins tout aussi utopistes l’un que l’autre, nous avons éprouvé le devoir de régler els conflits guerriers, balancer les budgets, consolider et entériner l’Europe, distribuer l’Euro et sa valeur, réformer les églises et leurs religions, démettre le Pape, ses évêques, les Ayatollahs et les Rabbins, effacer toute obsession dévote, tuer le fanatisme et épurer les bannières.
     Nous avons même séparé le Québec... en même temps que les autres provinces.
     L’avenir ?
     Nous nous le sommes dessiné.
     Beau.
     Idyllique.
     Malheureusement dans toute son inaccessibilité, ses impossibilités.
     Wacko a ingurgité quelques rogatons et nous sommes enfin sortis sur la terrasse, trône sur une vallée de plusieurs centaines de mètres en descente vertigineuse. Un feu dans le foyer extérieur, une douillette gavée de plumes d’oies, Francis Lalanne, Patrick Bruel, deux cigares et une bouteille de ce nectar charentais, dorure de mes soirées avec monsieur Hadrien.
     Là, enfin, la volubilité s’est estompée.
     Devant la magnificence des lieux.
     La somptuosité du moment.
     Juste nous, le chien –qui prenait le tiers du promontoire à lui tout seul- et l’obscurité.
     Le Paradis. Avec un « p » majuscule.
     Au loin, la douceur des bêlements discrets et le tintement des cloches. Tout près, le crépitement du feu. De temps à autre, à nos pieds, un profond soupir poussé par le berger anglais. Juste à côté de moi, sous sa douillette, la respiration régulière d’Albert.
     Le repos.
     Timide, il a été le premier à oser rompre la quiétude.
- Cent Euros pour tes pensées, mille pour tes rêves !
     Bien sûr, je pensais à lui ! À combien il aurait été miraculeux, prodigieux, d’épouser la destinée d’un tel homme, de marier tous nos espoirs, nos désirs, nos envies, nos capacités, nos possibilités... mais je devais faire abstraction de tout cela. Me taire.
     Ainsi, j’ai menti.
     D’un pieux mensonge, rassurez-vous.
- J’étais en train de penser que ça serait tout à fait génial d’organiser quelque chose pour le prochain Noël... un peu comme ce dernier...
- Tu veux retourner chez Julie ?
     J’ai pouffé de rire.
- Je pensais à quelque chose de plus français, cette fois-ci.
     Captivé par l’imaginaire, sans même m’en rendre compte, j’avais concocté le plan idéal.
- Je sais ! » ai-je lancé. « On va organiser une Kermesse au cimetière du Vieux Cannet ! »
- Comment ??
     En quelques secondes, l’ébauche d’une fête en plein air, là où Sabine dormait, avec ses amis, les miens et ceux de Stéphane, s’est mise en branle. Je voyais du rock, du rap, du slam, mes propres chansons et des interprétations. J’entrevoyais même une chorale Gospel. Au centre de l’action, un immense sapin illuminé d’au moins sept mètres de haut que nous pourrions faire venir de Norvège où mon père avait des connaissances.
     Tout s’est dessiné.
     Albert s’est emballé et a promis d’y être tout en offrant son aide.
- En même temps, » a-t-il ajouté, « tu pourras annoncer la nouvelle à ton neveu... »
     Nous voguions décidément sur les mêmes océans.
- Didier... t’es vraiment un gars génial.
     L’idée de devoir le sommer de taire ses compliments m’effrayait. Malgré tout et de toute évidence, me connaissant mieux qu’il ne me connaissait, il me fallait répliquer, dire quelque chose.
- Je peux te poser une question Albert ?
- Bien sûr !
     Son sourire a eu tôt fait d’exprimer l’ironie que me suggéraient le moment et ses commentaires.
- Quel genre de personnes tu rencontres, d’habitude ?
     Fin psychologue, il a décelé le ton taquin.
- Des gens super, rassure-toi petit con ! Mais, pour tout te dire, des amis que je t’ai présentés, il n’en est pas un avec qui je puisse tout partager. Avec Paul, le grand, ce sont les sports d’hiver. Avec Marcel, les bonnes bouffes. Cyrille aime la mer. Mes copines, elles, comme bien des femmes, sont géniales pour les soirées plus tranquilles et philosophiques. Même si certaines me battent à plates coutures dans bien des sports ! mais de tous, de toutes, pas un ne me ressemble vraiment. Pas autant que toi en tout cas.
- Et si je comprends, c’est bien ?
- C’est essentiel...
     Le silence est revenu. Vers deux heures du matin, le sommeil a gagné du terrain et menacé de ses mantes.
     Nous avons rangé nos choses, pris bon soin d’éteindre la braise encore chaude et jeté un dernier regard attendri sur l’immensité du paysage.
     À l’étage, tandis que nous allions nous coucher, il s’est immobilisé devant ma chambre, celle des invités, à quelques pas de la sienne.
     Nous sommes restés debout sans mot dire quelques secondes. Cette nouvelle séparation allait sans nulle doute être encore une fois coûteuse.
- Didier...
- Je sais Albert... moi aussi j’te jure. Merci pour tout et surtout, fais de beaux rêves.
     Timidement, j’ai déposé une bise sur sa joue écarlate.
- Tu sais même pas ce que j’allais dire... » a-t-il soupiré.
- C’était autre chose que « j’ai passé deux semaines magnifiques et je te remercie » ?
     Il a souri... comme un enfant superbe et heureux.
- J’aimerais que tu dormes avec moi...
(...)



This post is an excerpt from a copyrighted novel I wrote that has not gotten published yet. The title is “At writer’s pace”.

     Albert.
     Of all people, he was the strong remedy to all my wrongs.
     The man was sane and strong.
     And his father a family court judge.
     As I expected, he answered present at my very first call just as he said he would when we were in Quebec. That same day, I boarded a plane in Nice to land in Bordeaux where I rented a car, identical to the one I drove back home (a Young Jock –YJ- convertible Jeep) and let myself go all the way down south along the superb French Atlantic coast, taking of course the longest winding road.
     No use to get there before letting some steam off. And driving does just that to me.
     My journey took two days.
     In the Pyrénées mountains, the air was already fresher, more invigorating. The relaxed attitudes of the people I passed and chatted with at each stop pacified me even more. The top off, a warm heavy sweater on my back and my baseball cap certainly were indicators of my state of mind. Already, a few kilometres away from Barèges (my ultimate destination), I was not anymore that stressed out worried guy who left the Nice-Côte d’Azur airport. The one who was casually driving this macho SUV once again presented himself as his usual admirer of all that lives, a seasoned observer of movements, habits, manners, smiles and free unhindered spirits.
     I finally got back to my own self.
     I was not even at Albert’s yet and I could already feel all the benefits of his presence. Although still longing for my father’s company. Maybe some day will we be able to ignore the resentments and bad memories leaving all the room for emotional outpourings and complicity.
     I just turned thirty and one of my fondest dreams was this image of a father and his son sitting on a bench on a shore of just about any water under a sky ablaze with a sunset. The oldest is peacefully leaning back, his arms folded on his chest. The other, a bit more nervous, elbows on his knees, his hands clasped, his body leaning forward. And they talk. They just talk. For hours, they get to know each other better. Laughing at times but also dead serious and sometimes even sad. No need for embraces. Not even touches. Just two souls linked in the most natural and purest fashion, cleansed of any pain, their limits abolished.
     That dream still comes back to me from time to time.
     Just like my writing, an appeasement.
     Then, on the side of the road, as I was carefully driving through the high mountain passes, a sign :

Barèges
Population : 400 inhabitants
Altitude : 1250 metres

     I was finally there.
     At the foot of a peak that the winding paved road climbed, an inn.
     There, someone kindly gave me directions. Apparently, they were even informed I might drop by.
     Albert lived nearby.
     At an altitude of almost two thousand metres, I reached a large plateau. At my left, a subdivision of a few houses, all of them pretty with their rustic look. At my right, somewhat apart, a discreet sign that said: “Albert Diaz-Lancret” planted on the side of a driveway that reached another ancient warm house ingeniously restored in the purest respect of the regional traditions. And might I say brilliantly as the ancestral married the modern additions.
     Starting to feel the excitement, I activated my flasher. Not sure of what to expect, a treacherous yet timid anxiety started to supplant my serenity.
     When finally my engine went silent, a superb English Shepherd ran to me, all jolly and a bit clumsy with its big paws and beautiful bushy head.
“Hey Wacko !” I greeted petting and caressing the big dog.
     A few steps behind him, wearing jeans and a heavy knitted sweater, drawn by the barking, Albert, obviously happy to see me again. Without any hesitation, as if we had been the world’s oldest friends, he grabbed me and gave me the most reassuring hug.
     Taken by surprise, suddenly relieved of a remote pressure and as if I held back just for that moment, I discretely yet noticeably started to sob.
*
     I stayed in Barèges two whole weeks. Albert’s orders. Being able to witness the infallible kindness and     generosity of this magnificent man was each minute more striking. He heard about Sabine and Francis. As did he about my mother. As a matter of fact, he was aware of everything aside from the fact that my nephew was really my son. He did not even flinch when I told him. Even better, he was the one who first talked about contacting his father if I needed anything. The paperwork could be ready before I left.
     And they were.
     The solutions to my crises envisaged so fast and early, my stay was actually going to take on the appearance of what I had only been able to court from afar for years now.
     A holiday.
     Some actual off time.
     Albert even managed to catch me off-guard numerous times, each day stunningly more innocent and candid. His unfailing good mood early morning, each morning, even against my occasional pout, he spent his days up there just whistling away, laughing at Wacko’s silly games, gladdened by the sun, the flowers of his rock gardens, true works of art, by the amazing landscape, the majestic flight of a Peacock Pigeon gliding towards the constantly filled mangers, even reassured by the gentle noises of the mountain goats raised by his neighbour below.
     The collar-bells and the discrete bleats.
     He was in love with life, with simplicity, an avid adept of nature and friend to all.
     By ourselves or in a gang, we walked, went horseback riding, mountain and dirt biking, even “jeeping” ; I had my first hang-gliding and paragliding flights. My heart and my lungs, even just because of the altitude, did greatly suffer from those delights but that was just too bad. I now had to smoke less and exercise more. Never before did I do so many activities in so little time nor had I ever lived such a clean healthy lifestyle. No clash, no mood swing. No worry whatsoever.
     Hell! not even a real frown!
     I felt like doing something? we got down to it. I felt like staying home? we would settle in. I was hungry? We would instantly find a kitchen, a cook or a meal. I was bored?... come on, as if that was ever possible… !
     In Barèges, I found what I have forever been dreaming of.
     Buddylove.
     A friendship made of love and a love made of friendship.
     I had sensed it in Québec city on this devastating Christmas night.
     I was irreversibly convinced the day before I had to return to my own real life.
     That evening, all the papers prepared by Albert’s dad (that only awaited all the official signatures and those of Stephan and I) laying on top of everything in my suitcase, as the most precious present I was taking back with me, there, on the kitchen table, rested a large pot filled with my ever tasteful specialty of country ham and vegetables in apple juice. Along with a fine bottle of Duc de Montargis. Champagne kept cool. A five branches candelabrum where shone eternal flames… at least were they to me.
     A plate of various cheeses. A Black Forest cake for dessert. Perfection.
     Wacko had fallen flat on one side asleep in the living room.
     All the friends had disappeared.
     The mountain and hiking gears all put away.
     The sports left aside for the time being.
     Albert’s parents had just left.
     I was almost done with preparations when the man came back, his guests politely escorted to their car.
“Didier, my parents… they just adore you.”
     The admission seemed important. Him saying so, totally bewildering.
“and… I’m guessing that it’s good?”
“It’s essential.”
“Then so much the better!”
“Man, it smells so awesome in here…”
“I wish! That too is essential.”
“Didier, you’re amazing, you know?”
“Ah? cause now I’m the one who’s amazing? Albert, buddy, you’re so unpredictable!”
     His eyes laughed. His eyes. Just his eyes.
“Man, yes you are! All this time you’ve been willing to try and do just about anything. Sports, cooking, conversation. Even laugh and write. My parents love you. My pals will miss you. I never had any friend like you, do you know that?”
“Oh… that’s what is amazing…”
“And then some! In general, people are not as complete as you are… men or women…”
“Albert, have you not even once thought that we did all that just because I didn’t dare say no?”
“You’d be able to lie?”
“I’m a writer, don’t ever forget that!” I replied without any hesitation, a large smile across the face.”
     He acquiesced smiling too.
“So, if I get all this correctly, you could very well be lying as you are admitting to be able to lie?”
     On which we laughed out loud and finally sat at the table.
     Throughout the meal, dealing with the less common topics, we flew over all of mankind like tow doves about to bring a message of peace and harmony.
     However both as utopian, we felt the need to resolve warrior conflicts, balance the International Monetary Fund’s budget, consolidate and endorse Europe, redistribute the euro and its value, reform the religions and their churches, dismiss the Pope, his bishops, the Ayatollahs, Mullahs and Rabbis, erase any devout obsession, kill fanaticism and purify all banners.
     We even separated the province of Quebec… as well all the other provinces and territories.
     The future?
     We did draw a mental picture.
     Beautiful.
     Idyllic.
     Unfortunately in all its inaccessibility, its unfeasibility.
     Wacko was munching on some leftovers when we finally headed out on the terrace perched on the edge of a valley, above hundreds of metres of steep descent.
     A crackling fire in the outdoor brick fireplace, a heavy goose feathered cozy, Francis Lalanne, Patrick Bruel, two cigars and a bottle of that sweet delicious nectar from the Charente region, the very same that gilded my memorable evenings with Mister Hadrien.
     There and then, volubility faded.
     Before the magnificence of the scenery.
     Before the sumptuousness of the moment.
     Just he, I, the big dog (who took a huge part of the promontory to himself) and the quiet of the night.
     Heaven on earth.
     Away in the distance, barely reaching us, the timid baa and discrete ringing of the collar bells. Close by, the warmth of the fire. From time to time, at our feet, a deep sigh from the Bobtail, certainly of satisfaction and indulgence. Just by my side, elbow to elbow, nestled under his comforter, Albert’s steady breathing.
     Rest.
     Much needed rest.
     Timid, my friend was the first to gently disturb the tranquillity.
“A hundred euros for your thoughts, one thousand for your dreams!”
     Of course, I was thinking about him! About how it would have been miraculous, even prodigious, to walk alongside such a man, to marry all our hopes, our desires, our wishes, our abilities, our opportunities… but I had to ignore all this. Stay silent. Mute,
     So I lied.
     Of a little white lie, don’t worry.
“I was just thinking how awesome it would be to organize something together for next Christmas… kind of like last year…”
“You want to return to Julie’s?”
     I just chuckled.
“Nah, I was thinking about something more French this time.”
     Suddenly captivated by my own imagination, without even realizing it, I had just concocted the perfect plan.
“I know” I shouted. “We are going to organize a fair at the cemetery in the Vieux Cannet!”
“What?”
     Just a few seconds were needed to build up the scenario of a garden-party right on the very spot where my sister Sabine was laid to rest, with all her friends, mine and those of Stephan. I envisioned rock music, rap, slam and a bit of my own compositions. I saw a Gospel choir. In the middle of the place, a huge floodlit Christmas tree of at least seven metres high that we could get from Norway with my father’s contacts.
     Everything just fell in place in my head.
     Albert also got excited and promised to be there, even offered to help.
     We definitely were sailing on the same waters.
“Didier… you truly are an amazing man.”
     The very thought of commanding him to silence his praises frightened me, but despite of it all and obviously knowing myself more then he, I had to reply, to say something.
“Can I ask you something Albert?”
“Of course!”
     His smile was quick to express the irony suggested by the moment and his comments.
“I am suddenly wondering what kind of people you usually meet and encounter?”
     To which we had another good laugh.
“Great people, don’t worry you little funny jerk! But to tell you the truth, of all my friends you’ve met, there is not one with whom I can share everything. Paul, the tallest one, is great for winter sports. With Marcel, it’s gastronomy and great cooking. Cyrille, he loves the sea. My lady friends, like so many women, are great for quiet and philosophical evenings, for talks about the future. Even though some of them beat me silly in many sports! still… of all of them, men and women, not one is really like me. Not as much as you are, in any case.”
“And…” I started smiling, “I’m guessing that it’s good?”
“It’s essential!” he laughed.
     Then came back the silence. This time, a silence of complicity. Around two o’clock, tiredness gained on the both of us threatening with its mantle.
     We picked up our things, took real good care of putting off the live embers and our cigars and cast one last tender glance on the majesty of the landscape.
     Upstairs, as we were about to go to bed, Albert came to a halt in front of my room, the guestroom, just a few steps from his, the master bedroom.
     We remained standing there, again silent, for a brief moment. This other separation was obviously going to be far more costly then all other.
“Didier…” he started to gently say.
“I know Albert, I know…” I cut him off. “Me too I swear. I will never thank you enough and most of all, man, the sweetest dreams and most comforting night ever to you too.”
    With the utmost care and gentleness, I kissed his now scarlet-red cheek.
“You didn’t even know what I was going to say…” he grunted smiling.
“Was it something else then : “I had two magnificent weeks and I thank you so much”?”
     He smiled…. as only Albert knows how… as a superb happy child who could get away with just anything.
 “I would love to spend the night with you…”
(...)
*

2 commentaires:

Anonyme a dit…

DO IT!!! Do it Gio.
(I'm getting ready for part deux. LOL)
Hey, nice to read some of ur novel. Thnx.
Hugs from Babbo

Vévé a dit…

Thx a million Babbo :)
coming from the artist that you are, quite the warm feeling ;)
I will work on some more excerpts... I promise :)