vendredi 6 novembre 2009

Accomodement raisonnable - Reasonnable accomodation

Je sais, vous me direz « à Rome, on fait comme les Romains », d’accord.
Ceci étant dit, il ne faudrait pas oublier que la diversité permet souvent de faire avancer les choses et même les faire évoluer. Confucius a d’ailleurs dit : « l’homme raisonnable s’adapte à son environnement ; l’homme déraisonnable adapte son environnement à ses vues et ses perceptions ; les changements peuvent donc venir de la déraison. »

Ce que je vais vous raconter n’est pas de la fiction. J’aurais de loin préféré.

C’était un peu avant Noël, il y a longtemps. Je devais aller prendre un café avec des amis dans le Vieux Québec. Chose tout à fait banale en soi. Nous avions des amis à la maison ce soir là et j’avais repoussé ma sortie jusqu’à un certain point. Ne pas vexer ceux avec qui j’étais et ne pas insulter ceux qui m’attendaient.
Il était 23H30 quand j’ai enfin pu quitter.
Ce que j’ignorais c’est que le café où nous avions rendez-vous fermait à 23H00. Je me suis donc cogné le nez sur une porte fermée. Et mes amis qui étaient repartis.
Le Vieux Québec est resté très français dans son architecture. Les façades des immeubles donnent directement sur le trottoir et certains d’entre eux avaient été construits avec des cours intérieures accessibles par une porte cochère.
Je marchais sur le trottoir quand on m’a agrippé et attiré de force dans un de ces renfoncements.
Je me suis retrouvé face à trois jeunes gaillards armés de morceaux de bois appelés des "2X4" soit deux pouces par quatre.
La menace était réelle et paralysante.
J’ai très vite saisi ce qui était en train de se passer et immédiatement, peut-être par déformation professionnelle et par habitude d’imaginer et d’envisager chaque fois le pire dans mes écrits, mon premier but a été d’attendre de voir s’ils avaient des armes létales.
Au début, ils se sont un peu moqués de moi, trop fiers de voir que je ne bougeais pas, et m’ont demandé mon argent et mes cartes.
Je n’avais pas de carte de crédit et ne sortais jamais avec du liquide.
- Pas de cash, pas de carte de crédit, t’as sûrement une carte de débit. » a dit le plus solide des trois, le chef.
J’ai sorti ma carte et la lui ai tendue. Il m’a demandé mon NIP. J’ai obtempéré sans hésiter en ayant toutefois le réflexe de dicter un faux code. J’ai sorti quelque chose de tout à fait inventé sans aucune hésitation, ce qui leur a sûrement fait penser que c’était vrai. Le grand mec a sorti un stylo et a même pris le temps de l’écrire sur sa main.
C’est à ce moment que j’ai compris à qui j’avais à faire et je me suis aussitôt rué sur eux en hurlant comme un forcené et en les frappant. Je donnais du pied, du genoux, des mains et des poings et je faisais souvent mouche quand l’un d’entre eux, celui qui était resté devant la porte cochère pour me bloquer toute retraite, a resurgit et m’a asséné un violent coup de gourdin. Par chance (je ne crois pas aux miracles), il a raté ma tête, mais je me suis quand même retrouvé à genoux, étourdi.
J’ai réussi à me redresser pour les voir s’enfuir en courant.
Ce qui s’est passé après, je ne pourrais pas l’expliquer ni même dire d’où m’est venue cette idée, cette hargne et ne le conseille sûrement pas, mais j’ai aussitôt démarré en trombe et, dans la porte cochère, me suis précipité sur le dernier des fuyards. Comme dans un film, nous nous sommes retrouvés au beau milieu de la rue. Lui sur le bitume et moi par-dessus qui frappait à coups redoublés.
Il a réussi à se retourner et me faire face et c’est pour ça que je peux jurer, hors de tout doute, lui avoir fait les yeux au beurre noir. Malheureusement pour moi, encore une fois, un autre est venu à la rescousse et m’a assommé d’un coup plus direct et mieux calculé en plein milieu du dos. On dit souvent qu'il n'est d'honneur parmi les vilains. Je peux témoigner du contraire.
Le souffle coupé, j’ai lâché prise et ils ont réussi à se sauver tous les trois en criant aux gens attirés par mes propres cris que j’étais un fou dangereux.
Juste à côté de moi, un jeune couple est sorti d'une maison. Ils avaient entendu mes hurlements dès le début, dans la cour intérieure, et avaient appelé la police.
Le jeune homme s’est empressé de venir vers moi. Je m’en souviendrai toujours. Lui portait des charentaises et elle, des chaussons tricotés. Il m’a gentiment demandé s’il pouvait faire quelque chose. Je tremblais surtout d’excitation d’avoir repoussé mes agresseurs et de m’en être tiré avec plus de peur que de mal et lui ai demandé un verre d’eau.
La police est finalement arrivée après ce qui m’a parut une éternité.
Les deux agents m’ont alors réprimandé pour mon imprudence.
À cette heure là, le quartier avait mauvaise réputation.
De surcroît, une rue plus haut était le lieudit de la prostitution mâle de la ville avec tout ce que ça attire de mauvaises gens.
Or, même si j’étais gay et que toute cette sordide histoire n’avait absolument rien à voir avec l’orientation sexuelle, je crois qu’ils ont considéré ça comme un banal gay bashing et n’y ont accordé plus d’importance qu’une note dans leur rapport quotidien.
De retour chez moi, ne voulant pas ameuter toute ma famille, j’ai téléphoné à une grande amie pour lui raconter ma mésaventure. Je ne tenais pas en place et étais hyper excité quand elle m’a convaincu d’aller à l’hôpital au moins pour quelques radiographies et un examen sommaire, histoire d’être rassuré.
J’y ai finalement passé la nuit.
Heureusement, je n’avais pour blessures que d’énormes hématomes au haut et au bas du dos.
Puis, dès que j’ai eu une minute, je me suis précipité à mon institution bancaire pour rapporter le vol de ma carte et la faire remplacer. On m’a aussitôt confirmé qu’on avait essayé de s’en servir à deux pâtés de maison d’où j’ai été attaqué (au même moment où j’étais avec les policiers) et qu’elle avait été avalée après trois tentatives infructueuses avec le faux NIP.
Le soir même, dans le quotidien de la ville, chronique des faits divers, j’ai pu lire les grandes lignes de ce dont je venais d’être victime et, également, qu’un autre homme avait été attaqué par trois jeunes gars, mais lui, dans sa voiture et à l’arme blanche.
J’ai tout de suite su que ces voyous allaient avoir des raisons de m’en vouloir et j’ai dès lors vécu sur les dents, toujours à l’affût, inquiet.
Voyez-vous, à cette époque –ils ont arrêté de le faire pendant plusieurs années- l’institution bancaire inscrivait en relief les nom et prénom sur les cartes de guichet.
Ce qui aurait été sans aucune conséquence si j’avais porté un nom courant, mais même à ce jour, je suis le seul en Amérique du Nord à porter le mien.
Par conséquent, plusieurs semaines durant après cette nuit là, j’ai été victime de harcèlement et de coups pendables bien qu’inoffensifs. Du genre qu’on venait cogner à ma porte en pleine nuit. On me téléphonait à tout moment pour raccrocher sans avoir dit un mot. Ou, pire, juste me faire entendre une respiration. J’ai eu des mots dans ma boîte aux lettres, des trucs déposés entre les deux portes de mon appartement du rez-de-chaussée.
Et puis, comme je l’avais pressenti, tout ça s’est calmé pour s’arrêter complètement.

Ce qui ramène cette mésaventure à mon esprit aujourd’hui, c’est le simple fait que je doive désormais me servir de ma toute nouvelle carte de guichet à puce sur laquelle, eh oui, sont de nouveau inscrits en relief mes nom et prénom.
J’ai téléphoné à ma succursale bancaire pour leur en parler et leur raconter ce mauvais souvenir.

Voyez-vous, je ne suis pas du genre à faire tout un foin avec des détails du quotidien, mais je crois que l’uniformité a ses failles et ses lacunes. Si on s’appelait tous pareil, ça serait parfait. Malheureusement, quand on décide d’ouvrir la porte à l’immigration, on doit ajuster certaines façons de faire jusqu’à un certain point. Je ne parle pas de changer des réalités fondamentales. Non. Quand on émigre, on doit être conscient qu’on va devoir négocier avec des immuables décidés par la majorité.
C’est ce qu’on appelle la démocratie.

Cependant, je crois que ce cas-ci pourrait être considéré comme un Accommodement raisonnable dans la mesure où il peut apporter un changement à la mode Confucius.


Rue typique du Vieux-Québec / Typical Old Quebec street

Yeah, I know, you’re going to say “in Rome, do as the Romans do” and I’d agree. This being said, we shall not forget that diversity often makes us go forth and can very well bring evolution, even advancement.
Confucius said “the reasonable man adapts to his environment; the unreasonable man adapts his environment to his views and perceptions; change then comes from unreason.”

What I am about to tell you is not fiction. I would have preferred though.

It was a little before Christmas, a few years back. I was to meet with friends for a coffee in the Latin Quarters of Québec City. Something quite trivial in itself. But we had family over, so I didn’t want to leave to early to offend them nor too late to miss my rendez-vous.
I left around 11H30PM which was both late and early enough.
What I didn’t know was that the coffee shop we were meeting at closed at 11H00PM on the dot. My friends were nowhere to be seen when I got there.
Old Québec’s architecture remained very French after and the building’s façades went right on the sidewalks. Some were even built in a square around a courtyard accessible through a doorway formerly carriage entrance.
I was walking back to my car when someone grabbed my coat and pulled me into such a doorway.
I found myself facing three young strong guys of which two were armed with wooden “two by fours”.
The threat was real and mind numbing.
I very soon understood what was happening, maybe partly because I am so used to imagine such situations (even worse) in my writings, and my priority immediately became to stay calm and wait to see if they had more lethal weapons.
At first, they bragged about my being an easy target and then mocked me for being scared stiff. The strongest of the three asked me for my cash and credit cards. I had none. I even took my wallet out to show them. Then he asked for my ATM card.
- No cash, no credit card, you must have an ATM card” he said.
I took it out and handed it. He walked towards me asking one of his guys to watch closely.
- If he makes a move…”
He took out a pen and asked me for my PIN. Seeing how he was about to write it on his wrist, I knew then and there who I was dealing with: opportunists who only wished to take advantage of some unlucky lonely bystander.
I quickly blabbed something that could pass for a PIN and as he was scribbling, without anymore scrutiny, I jumped on the two closer to me screaming like a madman and throwing punches. I was hitting from my fists, my hands, my feet, my knees. Hitting anything in sight even with no aim at all. I knew I hit many bull’s eyes until the third bastard, the one that stayed blocking any exit through the carriage door, came from behind and dealt me a huge blow. Luckily (I don’t believe in miracles) I was gesticulating so much he missed my head but I fell on my knees anyway.
I got back up just in time to see them make a fun for it.
What happened then, I can’t explain nor can I tell you where the idea, the rage and the anger came from but I ran after them and still in the doorway, I jumped on the last one’s back and we both fell lying in the middle of the street. I kept hitting and hitting as hard and often as I could. He rolled on his back now facing me and I know, for sure, I gave him black eyes because I tell you I have never before nor ever again hit anyone so hard and so furiously.
I was hitting to hurt, to injure.
Unfortunately, another buddy came back for me. Again. They say there is no honor among crooks? I can vouch for the opposite. He hit me so hard on my back that I rolled over on my side out of breath and helplessly watched them flee yelling and shouting that I was a crazy bastard and I just attacked them.
I then realized the ruckus attracted a few people, none of which ever came to the rescue.
Close to me was a couple, a guy and a girl, in their twenties who told me they’ve already called the police. I’ll never forget them. They were so cute, even more stunned then I. He was wearing classic slippers and she knitted ones. He asked me if I needed anything.
Just a glass of water. He sent his girlfriend and kept me company. I was actually so relieved. I was so happy to have pushed my attackers away and to get out of that just with my pride bruised.
When the police finally got there, they just gave me hell for my carelessness. They said that the area had a reputation come this time of the night.
Plus, just one street north was the site for male prostitution.
Even though I was gay, even if all this had absolutely nothing to do with sexual orientation, they evidently considered an “ordinary” gay bashing and gave it no more thought then a simple mention in their daily report.
Back to my place, not wanting to stir up everybody, I called my then only trustworthy friend to tell her about my episode. She immediately convinced me to go to the hospital at least for radios and a quick exam, afraid of the blows I received.
I finally went to the emergency ward and spent the night there.
The radios showed no permanent damage. Just huge bruises on my back, all dark bluish.
One on my upper back, from the first hard blow.
One in the middle, the one that stunned me at the end.
As soon as I got back to work, a bit late, I went straight to the bank to replace my card. They told me it was actually used in the ATM just two blocks from where I was attacked and at about the very same time I was dealing with the police. The crooks tried to enter the PIN I gave them three times after which the machine just gobbled the card.
That very evening, I thought of buying the local newspaper.
They mentioned my ordeal.
I even learned that just minutes after me, they assaulted another fellow this time in his car with a knife.
“These two attacks were mere isolated incidents” said the reporter evidently to avoid a panic in the general public.
But I knew better.
I was so worried that the bastards would be mad at me for the bogus PIN I gave them. See, in all of North America, I am the only one to wear my name. Actually, I even done some research on the Internet. And guess what? Even in France, my motherland, I’ve found only two other guys with the exact same name.
In those days, on ATM cards, as they did with credit cards, the name was embossed.
Which would have been of no real consequences otherwise.
The crooks knew my name and they had a very good reason to be angry.
Well, from then on and for weeks, I’ve been harassed. Hung up phone calls and knocks on my door in the middle of the night.
Heavy breathing messages left on my answering machine.
Written ones stuck on my door.
“We know where you live” and such.
All that did worry me but not too much. I knew if they really wanted to get to me, I couldn’t hide. So I didn’t give it much more thought. And as I thought, it all stopped eventually.
Nevertheless, be sure I was quick to report the problem to my bank and begged them not to personalize their ATM cards anymore.
Which they did. For years.
Until last Wednesday.
The brand new cards they issued are again embossed with the name.

It’s not that I want to make a fuss of such petty things, but I think that uniformity has its faults and flaws. And if we were all “John Does”, it would all be fine. Unfortunately, when you open your doors to immigration, you really have to adjust your ways to a certain extend. I’m not talking about changing fundamental realities. When you migrate, you know you are bound to deal with the immutable that comes with majority.
This is called democracy.

However, in this case, I think it just could be considered a Reasonable accommodation that, incidentally, might be just unreasonable enough to bring changes the Confucius way.

1 commentaire:

DarckEngel a dit…

ouin c'est vrai que sur cest point la messemble que ... tabar...k c'est tout une histoire sa... ont peut dire que tu as ete pas mal chanceux, s'aurrais peut etre ete plus grave... Mais j'admire quand meme ta tenaciter et le courage que tu as eu je suis quand meme sur que c'est personne ont eu la chienne de leur vie sinon pourkoi vouloir te faire peur... d'apres moi meme eu ont du se rendre conte que tu etais plus toff qu'eux ou du moin sur l'effet de ladrenaline peut etre :p
Mais c'est vrai que, sont t'il vraiment oubliger de marker nos nom dessu,... il l'ont pourtant dedans leur systeme... pour koi nous ont aurrais besoin de savoir comment ont s'appele :p
t crissement interressant tu c :p