Ce récit est une fiction et toute ressemblance avec un ou des personnages de la réalité ne serait que fortuite.
À une époque où l’impérialisme corporatif a meurtri les sanctuaires de l’intellect et emprisonné ses partisans, où les rares abris de la pensée humaine sont devenus fiscaux, où la richesse d’une âme ne se mesure plus qu’au nombre de ses employés, de sa masse salariale, où la quasi pure liberté ne se rencontre que sous l’emprise des révolutions, des guerres civiles; à une époque où l’homme peut bâtir sur la sueur de son père, de son propre sang, où les penseurs se sont effacés devant les administrateurs, les promoteurs, il ne m’est plus d’autre plaisir, d’autre délice que l’évasion, une fuite vers un horizon escarpé et lointain.
Chaque année, après m’être langui de ce moment ultime à travers les saisons froides, juillet enfin arrivé, je saute derrière le volant de mon Jeep décapoté pour emprunter l’autoroute 20 direction plein Est. Moins lancinante que dans l’autre sens, elle me régale sans cesse de ses vallons et des abords du Saint-Laurent avant qu’il ne s’élargisse au point de ne plus montrer sa rive nord. Les noms des villages, eux aussi, outre l’énumération de tous les saints du ciel, même des inconnus, ne manque d’égrener ma patience signalant notre progression. Saint-Germain, Sainte-Hélène, Saint-Joseph de Kamouraska, Saint-André, Saint-Alexandre.
Jusque là, cent dix, cent quinze kilomètres/heure, avec des pointes de dépassement à cent trente, cent quarante –n’en dites rien aux autorités- je pourrais, pour l’avoir mille fois parcouru, conduire les yeux fermés. Je connais par cœur le paysage, la route, ses creux et ses crêtes.
Après Notre-Dame du Portage, un aperçu sur l’Ile-aux-Lièvres.
Puis, Saint-Patrice.
Là, tout petit, passager, blotti dans notre vieille Chevrolet familiale, sur la banquette arrière(celle qui se déployait à l’envers et où l’on s’asseyait dos au conducteur) mon père avait pris l’habitude de m’annoncer la venue de la vaste dénivellation, juste avant Rivière-du-Loup. Chaque fois, je serrais mes paupières si fort que j’en voyais des étoiles, et, tandis que la voiture entamait la descente, je ressentais l’étourdissement presque nausée et mes oreilles se bouchaient.
Ça nous faisait tous rire. On riait beaucoup en famille. Je crois que c’est ce qui nous rendait si différents.
Après le creux, dans la montée, papa serrait à droite.
La 40 sud, direction Cabano.
Aussitôt, j’enjambais les deux bancs pour les rejoindre à l’avant.
Après l’annonce de Saint-Antonin et Saint-Modeste, la traversée de la rivière Verte.
Dès lors, c’était à vous couper le souffle, même aux plus aguerris.
Hormis des parcelles de coupe à blanc qui faisaient mal au cœur par endroits, comme des foulards démesurés autour des cols montagneux, le paysage majestueux déroulait une toile de maître sous mes yeux émerveillés.
Je ne m’adressais plus à mes parents que pour lâcher des Ah ! et des Oh ! admiratifs.
À Saint-Louis du Ha! Ha!, nous tournions sur la 232 et longions, très lentement, le lac Témiscouata.
Ah les splendeurs de ce pays !
À destination, un village baptisé Esprit Saint, nous quittions la route pour un chemin en pleine forêt et, treize kilomètres de terre battue et gravillons plus tard, nous arrivions enfin.
Dans une large clairière, une immense construction en rondins sur deux étages.
Bâtie sur une importante colline, elle trônait au-dessus du lac Étroit –ainsi nommé comme il s’étalait au pied de la montagne sur trois ou quatre kilomètres par à peine deux cent mètres de large. Tout autour, le relief dressait l’échine, époustouflant. Des pics immenses, tantôt rocailleux, tantôt boisés, tantôt dévastés par les bûcherons, tantôt trop arides pour que quoi que ce soit n’y ait jamais poussé.
Je contemplais, chaque fois plus passionné, plus assagi, mon Éden.
Ce parcours, comme l’expédition suscitée, était tradition familiale. Inviolable, inaltérable.
Plus tard, l’aîné de huit enfants, mon père a hérité du domaine. Et puis, avec les jalousies, l’éclatement des familles, les divorces, les décès, les exodes professionnels, nous en avons longtemps été ses adeptes exclusifs.
Fils unique, l’endroit m’a finalement été légué.
Célibataire endurci compensant l’ennui par une dévotion au travail, orphelin depuis maintenant cinq ans, c’est seul au volant de mon tout-terrain dénudé que j’y descends, ermite pour six semaines, mes vacances annuelles.
Chaque fois avec plus d’empressement, de hâte et un plaisir inexprimable ne puisant quand même pas toute sa force dans les seules richesses bucoliques.
Non plus dans cette maison immortelle, avec ses deux grands salons, sa cuisine désormais moderne, sa cheminée, ses deux salles d’eau et de bain, ses cinq chambres à coucher et sa salle à manger montée sur pilotis au-dessus du lac Étroit.
Pas plus qu’il ne se veut respect de mes aïeux.
Ni même cérémonie à nos coutumes.
Non.
Ce qui presse là mon délice, sans faille, sans cesse plus loin, plus longtemps, plus gourmand, ce sont les livres.
Des milliers de livres, dont plusieurs dorent les lieux depuis mon arrière grand-père.
Des milliers de livres accumulés, achetés neufs ou aux puces, recouverts ou intacts, parfaitement reliés ou abîmés ; des romans, des pièces de théâtre, des biographies, des autobiographies ; des ouvrages scolaires, scientifiques, encyclopédiques ou théologiques ; un exemplaire original parfaitement conservé du Cyrano de Rostand ; un livre manuscrit signé Jean-Baptiste Poquelin (Molière) ; Guerre et Paix de Tolstoï ; tout Sacha Guitry, Nelligan, Michel Tremblay. Montesquieu, Montherlant, Molière. Les poètes maudits. Et des anglo-saxons. Shakespeare. Wilde. Poe. Shaw. Hemingway. Dickens. Sawyer.
Il y a en cet endroit reclus et perdu dans la forêt dense et au bout d’un monde, un univers à découvrir, un pays, à lui seul, destination de rêve.
Un héritage que j’aimerais, comme on l’a fait pour moi, transmettre.
Jamais je n'aurai de descendance.
Et j’atteindrai bientôt le cinquième tiroir.
Alors que faire ?
Que faire de tout cela ?
Que faire d’autre, après qu’on me les lus, après que j’en ai eu relus, après d’éventuelles première lectures, que faire d’autre qu’écrire, faisant d’une pierre deux coups.
Ajouter des œuvres à cette impressionnante bibliothèque.
Et léguer, puisque c’est le but de l’existence, ce qu’on m’a appris et enseigné.
L’amour de la lecture, des livres.
Comme une passion véritable.
Et vitale.
Chaque année, après m’être langui de ce moment ultime à travers les saisons froides, juillet enfin arrivé, je saute derrière le volant de mon Jeep décapoté pour emprunter l’autoroute 20 direction plein Est. Moins lancinante que dans l’autre sens, elle me régale sans cesse de ses vallons et des abords du Saint-Laurent avant qu’il ne s’élargisse au point de ne plus montrer sa rive nord. Les noms des villages, eux aussi, outre l’énumération de tous les saints du ciel, même des inconnus, ne manque d’égrener ma patience signalant notre progression. Saint-Germain, Sainte-Hélène, Saint-Joseph de Kamouraska, Saint-André, Saint-Alexandre.
Jusque là, cent dix, cent quinze kilomètres/heure, avec des pointes de dépassement à cent trente, cent quarante –n’en dites rien aux autorités- je pourrais, pour l’avoir mille fois parcouru, conduire les yeux fermés. Je connais par cœur le paysage, la route, ses creux et ses crêtes.
Après Notre-Dame du Portage, un aperçu sur l’Ile-aux-Lièvres.
Puis, Saint-Patrice.
Là, tout petit, passager, blotti dans notre vieille Chevrolet familiale, sur la banquette arrière(celle qui se déployait à l’envers et où l’on s’asseyait dos au conducteur) mon père avait pris l’habitude de m’annoncer la venue de la vaste dénivellation, juste avant Rivière-du-Loup. Chaque fois, je serrais mes paupières si fort que j’en voyais des étoiles, et, tandis que la voiture entamait la descente, je ressentais l’étourdissement presque nausée et mes oreilles se bouchaient.
Ça nous faisait tous rire. On riait beaucoup en famille. Je crois que c’est ce qui nous rendait si différents.
Après le creux, dans la montée, papa serrait à droite.
La 40 sud, direction Cabano.
Aussitôt, j’enjambais les deux bancs pour les rejoindre à l’avant.
Après l’annonce de Saint-Antonin et Saint-Modeste, la traversée de la rivière Verte.
Dès lors, c’était à vous couper le souffle, même aux plus aguerris.
Hormis des parcelles de coupe à blanc qui faisaient mal au cœur par endroits, comme des foulards démesurés autour des cols montagneux, le paysage majestueux déroulait une toile de maître sous mes yeux émerveillés.
Je ne m’adressais plus à mes parents que pour lâcher des Ah ! et des Oh ! admiratifs.
À Saint-Louis du Ha! Ha!, nous tournions sur la 232 et longions, très lentement, le lac Témiscouata.
Ah les splendeurs de ce pays !
À destination, un village baptisé Esprit Saint, nous quittions la route pour un chemin en pleine forêt et, treize kilomètres de terre battue et gravillons plus tard, nous arrivions enfin.
Dans une large clairière, une immense construction en rondins sur deux étages.
Bâtie sur une importante colline, elle trônait au-dessus du lac Étroit –ainsi nommé comme il s’étalait au pied de la montagne sur trois ou quatre kilomètres par à peine deux cent mètres de large. Tout autour, le relief dressait l’échine, époustouflant. Des pics immenses, tantôt rocailleux, tantôt boisés, tantôt dévastés par les bûcherons, tantôt trop arides pour que quoi que ce soit n’y ait jamais poussé.
Je contemplais, chaque fois plus passionné, plus assagi, mon Éden.
Ce parcours, comme l’expédition suscitée, était tradition familiale. Inviolable, inaltérable.
Plus tard, l’aîné de huit enfants, mon père a hérité du domaine. Et puis, avec les jalousies, l’éclatement des familles, les divorces, les décès, les exodes professionnels, nous en avons longtemps été ses adeptes exclusifs.
Fils unique, l’endroit m’a finalement été légué.
Célibataire endurci compensant l’ennui par une dévotion au travail, orphelin depuis maintenant cinq ans, c’est seul au volant de mon tout-terrain dénudé que j’y descends, ermite pour six semaines, mes vacances annuelles.
Chaque fois avec plus d’empressement, de hâte et un plaisir inexprimable ne puisant quand même pas toute sa force dans les seules richesses bucoliques.
Non plus dans cette maison immortelle, avec ses deux grands salons, sa cuisine désormais moderne, sa cheminée, ses deux salles d’eau et de bain, ses cinq chambres à coucher et sa salle à manger montée sur pilotis au-dessus du lac Étroit.
Pas plus qu’il ne se veut respect de mes aïeux.
Ni même cérémonie à nos coutumes.
Non.
Ce qui presse là mon délice, sans faille, sans cesse plus loin, plus longtemps, plus gourmand, ce sont les livres.
Des milliers de livres, dont plusieurs dorent les lieux depuis mon arrière grand-père.
Des milliers de livres accumulés, achetés neufs ou aux puces, recouverts ou intacts, parfaitement reliés ou abîmés ; des romans, des pièces de théâtre, des biographies, des autobiographies ; des ouvrages scolaires, scientifiques, encyclopédiques ou théologiques ; un exemplaire original parfaitement conservé du Cyrano de Rostand ; un livre manuscrit signé Jean-Baptiste Poquelin (Molière) ; Guerre et Paix de Tolstoï ; tout Sacha Guitry, Nelligan, Michel Tremblay. Montesquieu, Montherlant, Molière. Les poètes maudits. Et des anglo-saxons. Shakespeare. Wilde. Poe. Shaw. Hemingway. Dickens. Sawyer.
Il y a en cet endroit reclus et perdu dans la forêt dense et au bout d’un monde, un univers à découvrir, un pays, à lui seul, destination de rêve.
Un héritage que j’aimerais, comme on l’a fait pour moi, transmettre.
Jamais je n'aurai de descendance.
Et j’atteindrai bientôt le cinquième tiroir.
Alors que faire ?
Que faire de tout cela ?
Que faire d’autre, après qu’on me les lus, après que j’en ai eu relus, après d’éventuelles première lectures, que faire d’autre qu’écrire, faisant d’une pierre deux coups.
Ajouter des œuvres à cette impressionnante bibliothèque.
Et léguer, puisque c’est le but de l’existence, ce qu’on m’a appris et enseigné.
L’amour de la lecture, des livres.
Comme une passion véritable.
Et vitale.
At a time when corporate imperialism has ravaged the sanctuaries of the intellect and imprisoned its followers, where the few shelters of the human mind are just for tax purposes, where the wealth of a soul is measured more by the number of its employees and the size of its payroll, where the almost pure freedom is only found under revolutions and civil wars; at a time where man can build on the sweat of his father, of his own blood, where thinkers disappear before administrators and promoters, I have no other delight, no other pleasure then an escape towards a steep and distant horizon. Each year, after having languished for it all through the cold seasons, July finally there, I jump behind the wheel of my convertible Jeep on Highway 20 and head due east.
Less boring then its western counterpart, I always rejoice with its small valleys and the most exquisite ride along the Saint-Lawrence River before it widens to the point of not showing its north shore anymore.
Even the names of the villages we pass by, aside from listing all the saints in heaven, some of which unknowns, never fails to signify our progression. Saint-Germain, Sainte-Hélène, Saint-Joseph of Kamouraska, Saint-André, Saint-Alexandre.
Up to that point, a hundred and ten, hundred and fifteen kilometres an hour (around 70MPH) with bursts up to a hundred and forty (86MPH) to pass (please don’t squeal). I knew that road so well I could have done it blindfolded. I know by heart the scenery, the road, its dents and peaks.
After Notre-Dame du Portage, a glance on the Ile aux Lièvres.
Then Saint-Patrice.
Years ago, as a tiny boy sitting in the family’s Chevrolet Station Wagon, on the rear view back seat, my father used to tell me as we approached the huge gradient, right before Rivière-du-Loup. Each time, I clenched my eyelids so hard that I saw stars and as the car went down the hill, it brought such a rush that my head spun and my ears got clogged.
It never failed to make us laugh. We laughed a lot as a family. I think that is mainly what made us so different.
After that, while driving back up, my father kept the right lane to take the highway 40 south towards Cabano.
Usually, I then treadled over to the front seat.
After Saint-Antonin and Saint-Modeste, we would go over the Verte River.
From then on, the scenery was breathtaking even for the hardest at heart.
Aside from a few sad clearcutting areas, like scarves around the mountain tops, the majestic landscape unveiled a masterpiece in front of my very eyes.
I could only utter admiring “ahs!” and “ohs!”
At Saint-Louis du Ha!Ha!, we had to take the 232 and drive alongside the Lake Temiscouata.
Ah the splendours of this country!
The trip would finally get to an end in a village called Esprit-Saint where we had to leave the pavement for a dirt road in the forest and thirteen kilometres later, we were finally there.
Built in a clearing on a hill, a huge two story log mansion sat almost over the Lake Étroit (Lake Narrow) so named because it stretched at the foot of the mountain for three or four kilometres by a mere two hundred metres wide.
All around, the decor stood head high even more breathtaking. The proudest peaks, sometimes rocky with scarce trees, sometimes devastated by lumberjacks, sometimes so dry that nothing had ever grew.
Each time more fascinated and relaxed, I loved to contemplate my Eden.
The journey being as worthy as the destination it also was our most revered family tradition.
Less boring then its western counterpart, I always rejoice with its small valleys and the most exquisite ride along the Saint-Lawrence River before it widens to the point of not showing its north shore anymore.
Even the names of the villages we pass by, aside from listing all the saints in heaven, some of which unknowns, never fails to signify our progression. Saint-Germain, Sainte-Hélène, Saint-Joseph of Kamouraska, Saint-André, Saint-Alexandre.
Up to that point, a hundred and ten, hundred and fifteen kilometres an hour (around 70MPH) with bursts up to a hundred and forty (86MPH) to pass (please don’t squeal). I knew that road so well I could have done it blindfolded. I know by heart the scenery, the road, its dents and peaks.
After Notre-Dame du Portage, a glance on the Ile aux Lièvres.
Then Saint-Patrice.
Years ago, as a tiny boy sitting in the family’s Chevrolet Station Wagon, on the rear view back seat, my father used to tell me as we approached the huge gradient, right before Rivière-du-Loup. Each time, I clenched my eyelids so hard that I saw stars and as the car went down the hill, it brought such a rush that my head spun and my ears got clogged.
It never failed to make us laugh. We laughed a lot as a family. I think that is mainly what made us so different.
After that, while driving back up, my father kept the right lane to take the highway 40 south towards Cabano.
Usually, I then treadled over to the front seat.
After Saint-Antonin and Saint-Modeste, we would go over the Verte River.
From then on, the scenery was breathtaking even for the hardest at heart.
Aside from a few sad clearcutting areas, like scarves around the mountain tops, the majestic landscape unveiled a masterpiece in front of my very eyes.
I could only utter admiring “ahs!” and “ohs!”
At Saint-Louis du Ha!Ha!, we had to take the 232 and drive alongside the Lake Temiscouata.
Ah the splendours of this country!
The trip would finally get to an end in a village called Esprit-Saint where we had to leave the pavement for a dirt road in the forest and thirteen kilometres later, we were finally there.
Built in a clearing on a hill, a huge two story log mansion sat almost over the Lake Étroit (Lake Narrow) so named because it stretched at the foot of the mountain for three or four kilometres by a mere two hundred metres wide.
All around, the decor stood head high even more breathtaking. The proudest peaks, sometimes rocky with scarce trees, sometimes devastated by lumberjacks, sometimes so dry that nothing had ever grew.
Each time more fascinated and relaxed, I loved to contemplate my Eden.
The journey being as worthy as the destination it also was our most revered family tradition.
Inviolable, immutable.
Much later on, the oldest of eight children, my father inherited the Domain.
As years went by, although all were welcome, with the animosity, the outbursts, the divorces, the deaths, professional transfers, we ended up its sole visitors.
An only son, it was finally passed on to me.
A toughened bachelor compensating loneliness by a devotion to his work and now an orphan, I drive down there solo behind the wheel of my top-down convertible Jeep, in hermitage for the six weeks of yearly vacation I have, thanks to seniority.
Each time with more eagerness and that same inexpressible joy that does not take all it strength in the bucolic richness alone.
Or in this superb majestic eternal house with its two huge living rooms, its now modernised kitchen, its fireplaces, its shower and fully loaded bathrooms, its five bedrooms, its magnificent dining room built on stilts over the Lake Étroit.
Nor is it just dedicated to the memory of my ancestors.
Nor a ceremonial to our customs.
No.
What makes me so eager and in a hurry to get there and stay for the longest time as possible, are the books.
Thousand of books many of which array the walls since my great grand-father.
Thousands of books bought new or at flee markets, restored or untouched, perfectly preserved or weakened ; novels, plays, biographies, autobiographies ; educational, scientific, encyclopaedic or even theological books ; an original edition of Edmond Rostand’s Cyrano de Bergerac ; a manuscript signed by Jean-Baptiste Poquelin (Molière) ; an autographed specimen of Leon Tolstoi’s War and Peace ; the complete work of Sacha Guitry, Emile Nelligan, Michel Tremblay ; books by Montesquieu, Montherlant, Molière. The Accursed Poets ; Wilde. Poe. Shaw. Hemingway. Dickens. Sawyer.
There is in this secluded forsaken place planted in this dense forest at the end of our modern world this attraction force, this dream destination, this human sanctuary.
A legacy that I absolutely want to pass on as they did onto me.
But I have no kids.
And I will soon reach my fifth decade.
So now what ?
What to do with all this ?
What else then, after some have been read to me, after I’ve read some by myself, after I read those I don’t know yet, what else is there to do then write, killing two birds with one stone.
Adding some of my own to this impressive library.
And since it is to me the only goal of existence, passing on what has been taught to me.
The love for books and reading.
Much later on, the oldest of eight children, my father inherited the Domain.
As years went by, although all were welcome, with the animosity, the outbursts, the divorces, the deaths, professional transfers, we ended up its sole visitors.
An only son, it was finally passed on to me.
A toughened bachelor compensating loneliness by a devotion to his work and now an orphan, I drive down there solo behind the wheel of my top-down convertible Jeep, in hermitage for the six weeks of yearly vacation I have, thanks to seniority.
Each time with more eagerness and that same inexpressible joy that does not take all it strength in the bucolic richness alone.
Or in this superb majestic eternal house with its two huge living rooms, its now modernised kitchen, its fireplaces, its shower and fully loaded bathrooms, its five bedrooms, its magnificent dining room built on stilts over the Lake Étroit.
Nor is it just dedicated to the memory of my ancestors.
Nor a ceremonial to our customs.
No.
What makes me so eager and in a hurry to get there and stay for the longest time as possible, are the books.
Thousand of books many of which array the walls since my great grand-father.
Thousands of books bought new or at flee markets, restored or untouched, perfectly preserved or weakened ; novels, plays, biographies, autobiographies ; educational, scientific, encyclopaedic or even theological books ; an original edition of Edmond Rostand’s Cyrano de Bergerac ; a manuscript signed by Jean-Baptiste Poquelin (Molière) ; an autographed specimen of Leon Tolstoi’s War and Peace ; the complete work of Sacha Guitry, Emile Nelligan, Michel Tremblay ; books by Montesquieu, Montherlant, Molière. The Accursed Poets ; Wilde. Poe. Shaw. Hemingway. Dickens. Sawyer.
There is in this secluded forsaken place planted in this dense forest at the end of our modern world this attraction force, this dream destination, this human sanctuary.
A legacy that I absolutely want to pass on as they did onto me.
But I have no kids.
And I will soon reach my fifth decade.
So now what ?
What to do with all this ?
What else then, after some have been read to me, after I’ve read some by myself, after I read those I don’t know yet, what else is there to do then write, killing two birds with one stone.
Adding some of my own to this impressive library.
And since it is to me the only goal of existence, passing on what has been taught to me.
The love for books and reading.
As a true and vital passion.
This story is fictional and any similarity with real characters would only be accidental.
7 commentaires:
ah....so this is where u have been? Lost in lovely fantasy......is it true that when it comes alive in ur words it lives forever in ur soul?
Ronnie
eh, Grazie molto Babbo mio :)))
Don't know about that but I can garantee that your words will in mine :)
Comme j'aurrais aimer connaitre des chose de ce genre... des souvenir comme les tien, une famille unis et forte... Comme j'aimerais avoir quelque chose comme sa... Mais question famille... je vais devoir accepter de partir le bal et moi meme fonder des occasion comme celle la... Tu c'est... J'envi presque ta famille, J'aimerais pouvoir fair quelque chose comme sa... pouvoir dire que mes enfant vont pouvoir transmettre ca et en etre fiere... Et jespere moi aussi un jour ressentir du bonheur comme celui-ci,... Et quand cette chose faite,... Je penserrais a toi :p
DarckEngel, tu es à la base d'un superbe arbre généalogique qui, par chance, commence par toi :)
je te l'ai déjà dit, tu es un père magnifique, un homme très digne et un ami rare :)
surtout ne change pas ;)
jamais... sauf pour t'améliorer :)
hello everybody
I just thought it would be good to introduce myself to everyone!
Can't wait to start some good conversations!
-Marshall
Thanks again!
Pretty good post. I just stumbled upon your blog and wanted to say that I have really enjoyed reading your blog posts. Any way I' ll be subscribing to your feed and I hope you post again soon.
Hello. And Bye.
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